Dans le secteur canadien de l’entretien et de la réparation automobile, la pénurie de main-d’œuvre demeure un enjeu majeur. Les ateliers fonctionnent en effectif réduit, les techniciens expérimentés sont surchargés, et le bassin de talents qualifiés se réduit au lieu de croître.
S’il est crucial de reconnaître l’écart de compétences plutôt que de l’ignorer, il est tout aussi essentiel de bâtir activement un pont pour le combler. Cela passe par du mentorat intentionnel, des investissements constants dans la formation et une invitation convaincante à la génération Z de considérer les métiers spécialisés comme un premier choix de carrière, adapté à un grand nombre d’entre eux.
Que se passe-t-il si nous n’agissons pas?
Le coût de l’inaction n’est pas toujours immédiat, mais il augmente rapidement. Chaque départ à la retraite sans apprenti prêt à prendre la relève entraîne une perte d’années d’expertise précieuse pour l’industrie. Le travail à accomplir surcharge alors l’équipe restante, ce qui se traduit par des délais d’attente plus longs, une capacité réduite et des occasions manquées.
La technologie, elle, n’attend pas que nous rattrapions le retard. L’électrification, la calibration des systèmes avancés d’aide à la conduite (SAAC) et les nouveaux matériaux de réparation transforment le métier. Sans une main-d’œuvre apte à travailler sur ces systèmes modernes, l’innovation ralentit, et les clients se tourneront inévitablement ailleurs. À terme, l’écart de compétences ne sera plus seulement un problème de l’industrie, mais un enjeu de survie pour les entreprises.
Le pouvoir du mentorat
Il y a une grande différence entre embaucher un jeune technicien/technicienne d’entretien et de réparation automobile et vraiment en former un(e). Un mentorat efficace dépasse la simple attribution de tâches. Il s’agit de :
- Transmettre le jugement, le savoir-faire et la confiance
- Permettre aux apprentis de plonger dans les tâches tout en leur offrant un filet de sécurité
- Créer un environnement où ils peuvent poser des questions sans crainte de paraître inexpérimentés
- Leur montrer que ce travail est bien plus qu’un emploi — c’est une carrière enrichissante, technique, et remplie d’opportunités d’évolution
Le mentorat est aussi un processus réciproque. Les techniciens/techniciennes d’entretien et de réparation automobile expérimenté(e)s redécouvrent souvent leur passion en voyant l’enthousiasme d’un débutant. Transmettre leur savoir leur rappelle pourquoi ils ont choisi ce métier.
La formation est un investissement, non une dépense
Les entreprises qui considèrent la formation comme une dépense facultative se dirigent vers une crise de talents. Que ce soit par des partenariats avec des collèges locaux, des formations de fabricants ou du partage de compétences à l’interne, l’apprentissage continu permet aux équipes de rester performantes et compétitives.
La formation ne devrait pas seulement répondre aux besoins actuels, mais aussi anticiper ceux de demain. Consacrer du temps à des apprentissages structurés, même dans un horaire chargé, garantit qu’en cas d’arrivée de nouvelles technologies, votre équipe sera prête. Ce retour sur investissement se manifeste par des diagnostics plus rapides, des réparations de meilleure qualité et une rétention des employés motivés par la reconnaissance de leur valeur.
Faire des métiers spécialisés un premier choix pour les nouvelles générations
La génération Z intègre le marché du travail avec des attentes différentes de celles des générations précédentes. Elle souhaite voir la technologie en action, comprendre son parcours professionnel et sentir que son travail a un impact. Heureusement, le secteur de l’entretien et de la réparation automobile peut offrir tout cela.
Cela signifie mettre en valeur le côté moderne et technologique du métier : diagnostics avancés, réparations de précision, et satisfaction de résoudre des problèmes complexes. Cela implique aussi de clarifier la stabilité et la mobilité qu’offre cette carrière, de l’apprenti au maître technicien, puis au propriétaire d’entreprise. Et enfin, cela veut dire aller à leur rencontre — en ligne et en personne — avec des messages authentiques et captivants sur ce à quoi ressemble vraiment une carrière dans les métiers spécialisés.
Prendre le problème en main
Combler le fossé des apprentissages ne se fera pas par hasard. Cela exige que les employeurs, les éducateurs et les associations de l’industrie travaillent ensemble avec urgence et détermination. Nous devons agir : encadrer, former, et démontrer à la prochaine génération qu’elle a toute sa place ici.