Dire que les Canadiens ont connu un début d’année 2025 économiquement tumultueux serait un euphémisme. Cela est particulièrement vrai pour le secteur de l’entretien et de la réparation automobile, qui subit une pression énorme à la suite des tarifs imposés par les États-Unis. Ces tarifs ont entraîné des mises à pied chez les fabricants canadiens, ainsi que des milliers de dollars de coûts supplémentaires pour les Canadiens souhaitant acheter un véhicule. Cette hausse des prix a également stimulé la demande de voitures d’occasion, les conducteurs cherchant à économiser là où ils le peuvent.
Les tarifs mondiaux sur les pièces automobiles ont également entraîné une augmentation des coûts d’entretien des véhicules — une préoccupation majeure pour les ateliers de l’entretien et de la réparation automobile au Canada. Étant donné que les dépenses liées aux véhicules sont déjà la deuxième plus importante pour de nombreux foyers canadiens, il est compréhensible que beaucoup de conducteurs cherchent à prolonger la durée de vie de leur véhicule aussi longtemps que possible, surtout dans le contexte économique actuel.
Maintenir la vie abordable face aux tarifs américains a été un axe majeur de toutes les campagnes électorales fédérales récentes. C’est une orientation bienvenue pour les conducteurs et pour les entreprises indépendantes de l’entretien et de la réparation automobile au Canada, qui sont touchées par les conséquences indirectes de ces tarifs. Pour nous, un nouveau gouvernement représente plus qu’un tournant politique : c’est aussi une occasion cruciale de façonner l’avenir de notre secteur.
S’il n’existe pas de solution miracle à ces défis, des mesures à court terme pourraient être prises par le gouvernement fédéral pour atténuer l’incertitude commerciale croissante et l’impact des tarifs sur le coût des voitures. Une des principales actions pour maintenir les coûts de réparation accessibles est de garantir aux conducteurs le droit à la réparation de leur véhicule dans l’atelier de leur choix.
Le droit à la réparation vise à assurer un accès équitable, sécurisé et rapide aux données, outils et pièces nécessaires pour diagnostiquer et réparer les véhicules modernes. Cet accès est fondamental pour la santé et la longévité du secteur canadien de l’entretien et de la réparation automobile, d’une valeur de 43,9 milliards de dollars, qui emploie plus de 520 000 Canadiens et est essentiel aux collectivités d’un océan à l’autre.
Malgré les progrès récents, y compris les modifications à la Loi sur le droit d’auteur grâce aux projets de loi C-244 et C-294, le cadre juridique actuel ne va pas assez loin. Les réparateurs indépendants font encore face à des défis croissants pour accéder aux données de réparation nécessaires à l’entretien des véhicules d’aujourd’hui — ce qui compromet la concurrence, limite le choix des consommateurs et augmente les coûts à un moment où les Canadiens sont déjà confrontés à la hausse des prix des soins automobiles.
Agir rapidement pour instaurer le droit à la réparation est particulièrement urgent dans le contexte du commerce international et du différend tarifaire en cours. Même si une résolution du conflit tarifaire avec les États-Unis est trouvée, les chaînes d’approvisionnement mondiales en mutation ont créé une volatilité dans les prix et la disponibilité des pièces de véhicules. Pour les entreprises qui dépendent fortement de composants importés, ces perturbations peuvent se traduire par des délais plus longs, des coûts de service plus élevés et des clients insatisfaits.
Le droit à la réparation constitue une réponse directe et stratégique à ces défis. En permettant un meilleur accès à des marchés de pièces concurrentiels, il réduit la dépendance à l’égard des chaînes d’approvisionnement des fabricants d’équipement d’origine. Il favorise l’innovation, soutient la fabrication nationale et donne aux entreprises canadiennes la flexibilité nécessaire pour rester compétitives en période d’incertitude économique. Il garantit aussi l’équité en matière de services. Dans les communautés rurales et éloignées, où les réseaux de concessionnaires peuvent être rares — voire, dans certains cas extrêmes, totalement absents — les ateliers indépendants locaux sont souvent la seule option disponible.
Prolonger la durée de vie des véhicules grâce à des options de réparation accessibles et abordables soutient également l’économie verte du Canada en réduisant les déchets matériels, en diminuant les émissions et en favorisant une économie circulaire plus durable.
Négocier un meilleur accord commercial, trouver de nouveaux clients internationaux et mieux soutenir nos secteurs manufacturiers sont des éléments essentiels pour renforcer la résilience économique du Canada, réduire la dépendance et, en fin de compte, les coûts pour les consommateurs. Mais ces choses prendront du temps. Réduire les coûts liés aux soins automobiles grâce à l’établissement du droit à la réparation est une solution pratique à court terme qui soutient les petites entreprises et permet aux Canadiens d’économiser de l’argent en cette période critique.
Cet article d’AIA Canada a été publié à l’origine dans The Hill Times le 4 juin 2025.