Le virage vers les véhicules électriques (VE) n’est pas à venir – il est en cours, redéfinissant le secteur de l’entretien et de la réparation automobile à travers le Canada. En 2023, les véhicules zéro émission représentaient environ 11 pour cent de toutes les immatriculations de véhicules neufs au Canada, selon le Canada Energy Regulator – et ce chiffre continue d’augmenter à chaque nouveau lancement de modèle et cycle d’approvisionnement des parcs de véhicules.
Pour les plus grands exploitants en mécanique et en carrosserie du pays, il ne s’agit pas d’une transition future à planifier, mais d’un impératif immédiat à évoluer. Des entreprises multi-ateliers aux fournisseurs de services nationaux pour les parcs de véhicules, l’électrification rapide du parc automobile canadien exige une révision globale de la façon dont les installations sont conçues, dont les techniciens sont formés et dont les services sont livrés.
Les exploitants à grande échelle sont particulièrement bien placés pour diriger ce changement. Ils disposent déjà de l’envergure, du capital et de l’infrastructure de données nécessaires pour se moderniser plus rapidement que leurs concurrents de plus petite taille. Mais ce leadership ne viendra pas automatiquement – il exigera des investissements audacieux, une transformation culturelle et un nouveau modèle de services combinant expertise mécanique et intelligence numérique. L’ère des VE n’attend personne. Ceux qui agissent dès maintenant définiront la prochaine décennie du secteur de l’entretien et de la réparation automobile au Canada.
Une infrastructure adéquate ne se résume pas à une borne de recharge
Les services liés aux VE vont bien au-delà de la recharge. Le diagnostic haute tension, le contrôle de santé de la batterie, les systèmes de gestion thermique et les mises à jour logicielles deviennent des compétences essentielles.
Pour les exploitants multi-ateliers, l’enjeu stratégique est d’identifier les emplacements devant être « prêts pour les VE » (baies de batteries haute tension, alimentation isolée, zones de travail isolées) et ceux qui peuvent demeurer axés sur les moteurs à combustion interne (MCI) à moyen terme.
Les avantages pour les grands exploitants sont évidents. Ils peuvent répartir le coût des mises à niveau majeures – telles que les stations de recharge, les zones de travail isolées, les ponts élévateurs homologués pour batteries et les systèmes électriques renforcés – sur plusieurs sites.
Les réseaux nationaux peuvent gérer les travaux complexes sur les VE dans des installations centrales, comme les réparations de batteries, et répartir les travaux supplémentaires vers des centres voisins. L’entretien courant peut être confié aux ateliers locaux. Cette approche permet aux entreprises d’étendre graduellement leurs services liés aux VE tout en maîtrisant les coûts.
Transformer la main-d’œuvre
La transition vers l’électrification exige une main-d’œuvre compétente en génie électrique, en chimie des batteries, en électronique de puissance et en diagnostic logiciel – des compétences qui n’étaient pas requises il y a dix ans.
Pour combler cet écart, les entreprises nationales doivent établir des parcours de formation robustes : partenariats avec I-CAR Canada, des collèges techniques, académies internes, alignement avec les programmes de certification des fabricants d’équipement d’origine (FEO) et déploiement de laboratoires de simulation.
Concrètement, cela signifie recruter des techniciens en électricité et en électronique, requalifier le personnel existant sur les protocoles de sécurité haute tension et garantir une mise à niveau continue sur les systèmes VE émergents. L’échelle d’un fournisseur national permet la standardisation : programmes de formation uniformes, certifications cohérentes et parcours professionnels clairs pour se spécialiser dans les VE.
De plus, la possibilité de répartir le personnel spécialisé en VE entre plusieurs sites donne aux exploitants nationaux une flexibilité accrue – un technicien peut se déplacer entre marchés adjacents pour effectuer des diagnostics ou des remplacements de modules trop complexes pour un atelier indépendant.
Modèles de service élargis : parcs, hybrides carrosserie-VE et maintenance intelligente
Les grandes entreprises du secteur de l’entretien et de la réparation automobile sont bien placées pour devenir les chefs de file dans l’entretien des parcs de VE. Les services de livraison, les parcs municipaux, les entreprises de logistique et les distributeurs de véhicules d’occasion auront tous besoin d’un entretien fiable des VE, de tests de batteries et de réparations de carrosserie.
Les réseaux nationaux disposent d’un avantage en matière de portée, de cohérence et de capacité à offrir une transparence fondée sur les données et une disponibilité garantie.
Les VE changent également la donne dans la réparation de carrosserie. Les ateliers commencent à utiliser des outils comme la réalité augmentée pour le retrait des batteries, le balayage structurel au laser conçu pour les châssis de VE, et les diagnostics à distance connectés aux systèmes FEO. Pour rester compétitifs, les centres de carrosserie devront innover dans la gestion des stocks de modules de VE et mettre en place de nouveaux processus de calibration pour les systèmes avancés d’aide à la conduite (ADAS).
De plus, le potentiel de nouvelles sources de revenus technologiques ne cesse de croître. La maintenance prédictive, les mises à jour à distance (over-the-air) et la surveillance de l’état des batteries peuvent créer des occasions de service continues.
Les grands exploitants peuvent investir dans des plateformes de données connectées pour suivre la performance et les tendances de réparation dans l’ensemble de leur réseau, leur permettant d’anticiper les problèmes, de gérer plus rapidement les stocks de pièces et de maintenir les véhicules de leurs clients sur la route plus longtemps.
Diriger le virage vers les VE : l’avantage national
L’électrification ne relève plus du futur – elle transforme déjà le marché actuel, et les exploitants nationaux ont la possibilité de diriger plutôt que de suivre. Leur solidité financière, leur envergure géographique et leur capacité à investir dans la formation, l’équipement et les infrastructures de données leur confèrent un avantage de pionnier.
Cependant, la rapidité est essentielle. Les courbes d’adoption des consommateurs et des parcs de véhicules sont abruptes. Au premier trimestre de 2025, les véhicules zéro émission représentaient 8,7 pour cent des nouvelles immatriculations – une baisse par rapport aux sommets récents, attribuable principalement à des modifications des incitatifs, et non à un effondrement de la demande, selon Electric Autonomy Canada. En réalité, la tendance des VE est claire et les parts de marché continueront d’augmenter au cours de la prochaine décennie.
Si les réseaux de services nationaux agissent de manière décisive – en transformant leur infrastructure, en repensant leurs modèles de main-d’œuvre et en élargissant leurs services VE en commerce électronique entre entreprises (C3E) – ils consolideront leur pertinence et leur position dominante dans la prochaine génération des services automobiles. Le moment d’agir, c’est maintenant.