Le 12 mars 2024, le ministre des Finances Éric Girard a présenté le Budget du Québec 2024-2025. Dévoilé sous le thème Priorités Santé Éducation, cet important exercice survient alors que le Québec fait face à une situation budgétaire de plus en plus délicate. Alors que les dépenses gouvernementales ont connu une hausse considérable, les revenus de l’État, eux, ne croissent pas aussi rapidement. Après des années fastes où il était facile de se montrer généreux, le gouvernement Legault doit désormais faire des choix difficiles. Parmi ceux-ci : le report du retour à l’équilibre budgétaire, le plafonnement des dépenses de la majorité des ministères et la grande difficulté à lancer de nouveaux chantiers.
Voici certaines des lignes directrices du budget du Québec 2024-2025 qui pourraient intéresser le secteur de l’entretien et de la réparation automobile.
Prévisions économiques
Le budget présenté aujourd’hui confirme que le ralentissement de l’activité économique au Québec devrait se poursuivre pour l’année à venir. Québec n’anticipe pas officiellement de récession, mais ses prévisions de croissance économique demeurent faibles, à 0,6% pour 2024 et 1,6% pour 2025, ce qui demeure largement inférieur à la croissance des dépenses. Le budget prévoit également des provisions pour imprévus de 7,5 milliards des dollars sur cinq ans. Si le gouvernement affirme agir par prudence, il n’en demeure pas moins que cet exercice traduit une certaine nervosité pour l’année à venir.
Réduction des subventions pour l’achat de VE
Le gouvernement annonce qu’à compter du 1er janvier 2025, les remboursements maximaux pour l’achat de véhicules électriques seront de 4 000 $ pour les nouveaux véhicules tout électriques ou à pile à combustible, de 2 000 $ pour les nouveaux véhicules hybrides rechargeables de moins de 65 000 $, de 2 000 $ pour les véhicules tout électriques d’occasion et de 1 000 $ pour les motocyclettes électriques. Les remboursements pour l’achat de véhicules électriques seront progressivement réduits et cesseront d’être disponibles pour les véhicules immatriculés à partir du 1er janvier 2027. Ces véhicules continueront également à bénéficier du rabais fédéral de 5 000 $ jusqu’au 31 mars 2025 ou jusqu’à épuisement des fonds. L’argent ainsi libéré sera utilisé pour lutter contre le changement climatique.
Taxes et impôts
Après avoir annoncé une baisse d’impôts lors du dernier budget, le présent exercice financier ne prévoit pas de nouvelles baisses significatives du fardeau fiscal pour les particuliers. Les taux d’imposition, tout comme la TVQ, demeurent inchangés. Le budget présenté par Québec ne prévoit aucune baisse d’impôts ou de taxation pour les entreprises.
Éducation
Au sein de son budget, le gouvernement prévoit une somme additionnelle de près de 819 millions de dollars sur six ans pour favoriser la réussite éducative des jeunes. Selon le gouvernement, cet investissement permettra de soutenir la réussite des élèves, d’assurer l’attraction et la rétention du personnel scolaire, d’appuyer les organismes partenaires de l’éducation ainsi que d’accélérer l’entretien du parc immobilier scolaire. Des mesures permettront également de mieux accompagner les élèves en difficulté, de consolider les activités éducatives des élèves, de rendre les postes à temps partiel plus attrayants, de maintenir en emploi les travailleurs plus expérimentés du réseau de l’éducation et de soutenir des partenaires importants comme Le Club des petits déjeuners, La Cantine pour tous et AgrÉcoles.
Développement économique
Le gouvernement prévoit un investissement de 443 millions de dollars pour appuyer les secteurs stratégiques de l’économie. Ces sommes serviront notamment à mettre en place des laboratoires industriels au sein des zones d’innovation, à assurer la croissance du secteur aérospatial québécois, à poursuivre le développement du secteur de l’aluminium, à favoriser l’adoption de nouvelles technologies et la recherche, à soutenir l’entrepreneuriat et le repreneuriat et à recapitaliser le fonds Capital ressources naturelles et énergie. Le budget prévoit également des initiatives totalisant 126 millions de dollars sur trois ans pour accroître la main-d’œuvre disponible et la productivité dans l’industrie de la construction. Un montant de 400 millions de dollars est également prévu pour favoriser l’intégration économique et sociale des personnes immigrantes.
Amorce d’un examen des dépenses gouvernementales
Le gouvernement profite du budget pour annoncer qu’il amorcera, dès le printemps 2024, une révision de l’ensemble de ses dépenses. À cette fin, un examen couvrira les dépenses fiscales liées aux régimes d’imposition des particuliers et des sociétés ainsi qu’au régime des taxes à la consommation. Un autre examen couvrira les dépenses des ministères et organismes gouvernementaux. Les premières actions découlant de ces deux examens seront intégrées au plan de retour à l’équilibre qui sera présenté au moment de la publication du budget 2025-2026.
Analyse préliminaire
Si le Québec demeure en relative bonne santé financière, il n’en demeure pas moins que le budget présenté aujourd’hui augure de jours plus difficiles. Au niveau budgétaire, le Québec n’est pas en mesure de contenir l’accroissement des dépenses gouvernementales, qui augmentent de manière soutenue, sous la pression des augmentations salariales consenties aux employés de l’État.
Cette année, le gouvernement ne peut compter ni sur la vigueur de l’activité économique, qui devrait demeurer faible, ni sur une hausse de ses revenus pour amoindrir le choc. Au contraire, la trajectoire des revenus gouvernementaux est en baisse, notamment en raison de la chute des dividendes versées par Hydro-Québec, mais également par la baisse générale des revenus autonomes. Résultat : plutôt que de se résorber, le déficit du Québec se creuse de manière importante, s’établissant à un sommet de 11 milliards de dollars en 2024.
Nous ne sommes pas encore à tirer la sonnette d’alarme, mais la récréation est définitivement terminée. En conséquence, le budget présenté aujourd’hui contient somme toute, et par rapport aux précédents exercices réalisés par le ministre Girard, peu de nouvelles annonces ou de nouveaux chantiers, s’apparentant plutôt à un budget de gestion des affaires courantes. Face à cette situation budgétaire précaire, le gouvernement Legault est conscient que sa marge de manœuvre est plus limitée que jamais. S’il fait le choix de préserver la Santé et l’Éducation, les autres portefeuilles de l’État, toutefois, se voient imposer un important ralentissement de la croissance de leurs dépenses. Le gouvernement impose également aux entreprises publiques un effort considérable d’optimisation de leurs dépenses. Une révision en profondeur de l’ensemble des dépenses gouvernementales sera également lancée dès cette année, officiellement afin d’améliorer l’efficacité de l’État.