On pourrait soutenir que le marché secondaire de l’automobile est tout naturellement une industrie verte. En effet, si l’on part du principe de « réduire, réutiliser, recycler », notre industrie tire son épingle du jeu. Un entretien approprié permet aux véhicules de fonctionner plus rondement, ce qui accroît leur efficacité énergétique et réduit les émissions nocives. Bref, un véhicule bien entretenu pollue moins, donc il nuit moins à l’environnement.
Cependant, alors que la planète se tourne vers un avenir sans émissions, notre industrie n’a d’autre choix que d’amorcer un virage. Le gouvernement fédéral exige que, d’ici 2035, toutes les voitures et camionnettes neuves qui seront vendues au Canada soient des véhicules zéro émission (VZE). Les véhicules électriques alimentés par batteries (VE) joueront un rôle prédominant dans l’atteinte de cet objectif. Toutefois, quelles en seront les répercussions sur l’industrie du marché secondaire de l’automobile?
Les véhicules électriques : ici et maintenant
Par contre, affirmer que les VE représentent l’avenir ne tient pas compte du fait que certains sont déjà là. En 2021, les VE représentaient 5,6 % des véhicules immatriculés au Canada, et jusqu’à 3,8 % l’année précédente. Enfin, si l’on considère que le coût d’un plein à la pompe — surtout depuis les récentes augmentations de coût du carburant — vient grever de plus en plus le budget de transport quotidien des automobilistes canadiens — cette croissance pourrait s’avérer encore plus forte en 2022.
Aussi, comme on voit de plus en plus de VE sur nos routes, on devrait également en voir de plus en plus dans nos ateliers; du moins, c’est ce que l’on serait en droit d’escompter.
Pourtant, la réalité est tout autre, car bon nombre de propriétaires de VE se voient dans l’obligation de confier l’entretien et la réparation de leurs véhicules à leur concessionnaire. Grâce à la technologie et à la formation exclusives auxquelles ils ont accès, les concessionnaires jouissent d’un avantage distinctif, un avantage que les constructeurs automobiles ne sont pas près de laisser aller, vu que la facture d’une visite d’entretien périodique chez le concessionnaire peut s’avérer 45 % plus élevée que celle d’un garagiste indépendant.
Des difficultés et des possibilités
Pour que le marché secondaire puisse s’appuyer sur sa tradition de bonne intendance de l’environnement et nous permette d’effectuer une transition fructueuse vers un avenir où les VE dominent le marché, nous devons reconnaître les difficultés auxquelles notre industrie fait face et y trouver des solutions.
Néanmoins, bon nombre de ces difficultés ne sont pas spécifiques à la transition aux VE, mais s’intègrent plutôt dans le débat sur les véhicules électriques et l’industrie du marché secondaire. Deux des plus importants défis à relever sont l’acquisition de nouvelles compétences et le droit à la réparation, qui forment la pierre angulaire des efforts de lobbying de l’AIA Canada.
L’acquisition de nouvelles compétences en matière de VE
Ce n’est plus un secret : le marché secondaire est aux prises avec une pénurie de techniciens qualifiés. Voilà pourquoi nous militons activement auprès des gouvernements fédéral et provincial, insistant sur la nécessité d’investir dans l’acquisition de nouvelles compétences et le perfectionnement de la main-d’œuvre, particulièrement en ce qui a trait aux nouvelles technologies comme les véhicules électriques.
Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec les éducateurs afin de créer et de donner de la formation visant à rehausser les compétences des gens de métier du secteur de l’automobile en entretien et en réparation de VE.
Pour les ateliers du secteur de la réparation de carrosserie, I-CAR Canada propose des cours sur l’évaluation des dommages en lien avec les VE et sur la sécurité en général dans les ateliers lorsqu’il s’agit de réparer des véhicules électriques.
Les VE et le droit à la réparation
Même si nous avons accès à une main-d’œuvre compétente et qualifiée, en l’absence d’une législation sur le droit à la réparation, les propriétaires de VE pourraient être à la merci des constructeurs automobiles qui tenteront de conserver le monopole sur l’accès aux pièces et aux données des véhicules essentielles au processus de diagnostic. La capacité du marché secondaire d’accéder à ces données de manière équitable et en temps opportun est vitale, et l’AIA Canada mène une lutte acharnée pour défendre ce droit.
Le projet de loi sur le droit à la réparation dans le secteur de l’automobile, déposé récemment à la Chambre des communes par le député Brian Masse, représente un grand pas dans la bonne direction. Cela dit, ce projet de loi risque de soulever de l’opposition, ce qui ne serait pas nouveau.
Cependant, nous savons que les Canadiens et les Canadiennes appuient énergiquement le droit à la réparation, en plus de soutenir avec la même ferveur l’adoption des véhicules électriques; en fait, plus de 70 % d’entre eux envisagent l’achat d’un VE.
Vers l’avenir
L’appui du public pour le droit à la réparation et l’adoption des VE vont de pair. La possibilité de choisir l’endroit où l’on désire faire entretenir ou réparer son VE implique qu’il y ait une solution de rechange aux concessionnaires, c’est-à-dire des ateliers dotés d’une main-d’œuvre qualifiée ayant accès aux outils et aux données nécessaires.
Aller de l’avant vers un avenir de zéro émission, du moins en ce qui a trait aux véhicules automobiles, est un objectif que la majorité des Canadiens soutiennent. Seulement, le seul moyen d’atteindre cet objectif d’ici 2035 serait que les décideurs politiques comprennent que le marché secondaire y joue un rôle primordial, un rôle que les Canadiens veulent le voir jouer.
Votre voix peut influencer favorablement le débat. En parlant à votre député de l’importance du droit à la réparation, de la valeur que ce droit confère aux Canadiens et du rôle que tient le marché secondaire dans l’atteinte d’un avenir zéro émission, vous pouvez nous aider à faire en sorte que notre industrie demeure forte. Pour savoir comment entrer en relation avec les décisionnaires qui représentent votre communauté, communiquez avec Alana Baker, directrice principale des Relations gouvernementales.