Discours du Trône
Le mercredi 23 septembre 2020, la gouverneure générale, qui représente la monarchie britannique au Canada, a lu le discours du Trône. En 1957 et 1977, l’actuelle monarque, la reine Elizabeth II, a lu le discours du Trône au Parlement canadien. On l’appelle le discours du Trône parce qu’il est lu depuis le siège/trône situé dans la salle du Sénat et qui est réservé à la Reine ou à son représentant. Une nouvelle session du Parlement après une élection ou une prorogation (mettant fin à une session du Parlement sans le dissoudre) ne peut pas s’ouvrir avant qu’un discours du Trône n’ait été prononcé. Cet important discours donne un aperçu du programme du gouvernement pour la prochaine session parlementaire, de sa perception de l’état actuel de la nation et de sa vision pour le pays.
Le discours du 23 septembre était d’autant plus important que les libéraux ne forment pas un gouvernement majoritaire; le parti Libéral détient 154 sièges, les Conservateurs 121, le Bloc Québécois 32, le NPD 24 et les Verts 3. Comme les discours du Trône sont toujours suivis d’un vote de confiance où le gouvernement doit obtenir le soutien de la majorité, les Libéraux ont besoin qu’au moins un des trois principaux partis d’opposition soutienne leur plan pour éviter une élection. Il semble que ce parti sera le NPD, les Conservateurs disant non et le Bloc affirmant que le gouvernement fédéral empiète trop sur les compétences provinciales et demandant plus d’argent dans les transferts fédéraux-provinciaux en matière de soins de santé. Il est intéressant de noter que « aucun gouvernement dans l’histoire du Canada n’a jamais été défait en raison de son discours du Trône ».
Le discours
Ce discours a été largement inspiré par la période extraordinaire que traverse le pays. À l’heure actuelle, plus de 1,1 million de Canadiens sont toujours sans emploi, et beaucoup plus nombreux sont ceux qui travaillent moins d’heures et rapportent moins d’argent à la maison. Le point de vue du Parti libéral sur la pandémie est le suivant : le meilleur moyen de protéger notre économie, c’est de protéger notre santé. Le parti a préconisé une approche plus structurelle pour faire face aux conséquences de la pandémie, plutôt que la poursuite d’une aide d’urgence ponctuelle. Cette approche implique de dépenser de l’argent, comme le souligne le discours en ces termes : « Ce n’est pas le moment de faire preuve d’austérité », mais plutôt de déployer la capacité financière du Canada.
Le système d’assurance-emploi (AE) soutiendra les efforts visant à créer un changement structurel qui permettra de gérer les retombées de cette pandémie – et des futures périodes de crise – tout en bénéficiant à la main-d’œuvre canadienne. Les Libéraux cherchent à élargir le modèle traditionnel d’AE pour couvrir les travailleurs autonomes, les travailleurs contractuels et les travailleurs temporaires, qui constituent une part de plus en plus importante de la main-d’œuvre du Canada. Les travailleurs qui bénéficient actuellement de la Prestation canadienne d’urgence, qui sera bientôt supprimée, passeront soit à l’AE (s’ils y ont droit), soit à un programme de transition avant de bénéficier de l’AE. Les entreprises continueront à bénéficier du Programme de subventions salariales jusqu’à l’été 2021.Cette subvention est destinée à maintenir les travailleurs loin de l’assurance-emploi et des autres programmes de soutien tout en soutenant l’économie contre la pandémie.
Les véhicules zéro émission ont suscité beaucoup d’attention dans le discours. Les Libéraux veulent rendre ces véhicules plus abordables et investir dans les stations de recharge. Grâce aux réserves de nickel et de cuivre du Canada, les libéraux voient un potentiel économique dans la construction de véhicules zéro émission et de leurs batteries.
Bien que le gouvernement ait proclamé qu’il s’engageait à faire « le plus important investissement de l’histoire du Canada en matière de formation des travailleurs », aucun exemple concret de cet investissement n’a été fourni. Le programme Stratégie emploi et compétences jeunesse, qui offre des possibilités de travail rémunéré aux jeunes Canadiens, est appelé à se développer, tout comme les mesures de soutien qui aident les travailleurs à obtenir une formation et un diplôme.
Les horaires de travail et de vie de nombreuses familles ont été perturbés par la fermeture des écoles à cause de COVID-19 et les femmes ont été les plus touchées par cette perturbation. Les Libéraux veulent investir de façon soutenue et à long terme dans un système d’apprentissage et de garde des jeunes enfants à l’échelle du Canada. Un tel système pourrait contribuer à atténuer les effets de crises et de confinements futurs, et permettrait aux femmes d’entrer plus facilement sur le marché du travail et d’y rester.
Les Libéraux ont signalé une fois de plus qu’ils allaient s’attaquer à l’inégalité de la richesse au Canada par des mesures fiscales. Ces mesures peuvent inclure la lutte contre l’évasion fiscale des géants du numérique et cibler la déduction fiscale pour les options d’achat d’actions.